La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants–Ontario condamne fermement la décision de l’Université McGill de couper des liens avec l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Cette décision représente une menace dangereuse pour le droit d’association des étudiantes et étudiants ainsi que pour leur droit d’assurer l’autonomie des syndicats étudiants. 

Le 7 avril, l’Université McGill a annoncé qu’elle coupait les liens et mettait fin à sa relation avec l’AÉUM en tant que syndicat représentant les étudiantes et étudiants de premier cycle sur le campus. Il s’agit d’une réponse directe aux actions et aux plaidoiries propalestiniennes dirigées de manière cohérente et avec courage par des étudiantes et étudiants sur ce campus. Au cours de la dernière année, une diversité d’étudiantes et d’étudiants ainsi que de groupes étudiants ont demandé à l’Université McGill de se désinvestir des fabricants d’armes et d’armement qui sont complices de la guerre et de dénoncer le génocide mené par Israël contre le peuple palestinien. Le fait que McGill choisit de mettre fin à sa relation avec l’AÉUM à la suite d’une action étudiante votée par les membres de l’AÉUM est à la fois contraire à l’éthique et injuste. 

Les attaques contre le droit d’association des étudiantes et étudiants et l’autonomie des syndicats étudiants n’ont rien de nouveau. Pourtant, elles constituent une tactique et une menace qu’utilisent les administrations et les gouvernements pour intimider les étudiantes et étudiants et les inciter à abandonner leurs revendications et efforts d’organisation. Dans le cas du Québec, une loi de longue date – en l’occurrence la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants – protège le droit des étudiantes et étudiants de s’associer et d’accréditer des syndicats pour leur assurer une représentation adéquate. Des lois de ce type sont essentielles pour protéger les étudiantes et étudiants et leurs efforts d’organisation. Aucun-e étudiant-e ne devrait craindre faire l’objet de représailles ou de sanctions à la suite de travail d’organisation sur un campus. 

Cette menace pour l’organisation étudiante n’est pas exclusive au Québec. Par exemple, en Ontario, la mesure en faveur de la liberté de choix chez les étudiantes et étudiants s’est avérée une autre tentative du gouvernement d’intimider les étudiantes et étudiants et de les décourager de prendre des positions politiques et de se battre pour leurs droits par le définancement de leurs syndicats étudiants. Bien que cette mesure politique du gouvernement de l’Ontario ait été défaite devant les tribunaux, ses répercussions continuent à se faire sentir et l’autonomie des syndicats étudiants demeure menacée. Les administrations d’autres établissements ont également menacé de mettre fin aux accords avec leurs syndicats étudiants ou d’utiliser les politiques de l’espace pour carrément dissuader l’organisation étudiante. 

Aux États-Unis, des étudiantes et étudiants ont été témoins de l’arrestation d’organisatrices et d’organisateurs étudiants dans la rue et de leur envoi à des sites de détention secrets, tout en étant menacés de déportation simplement parce qu’ils étaient des leaders du mouvement étudiant et perturbaient directement l’impérialisme occidental. Nous continuons à constater une augmentation des fissures fascistes sur l’organisation et l’autonomie étudiantes ainsi qu’une attaque contre la liberté universitaire. 

Le mouvement étudiant est à un point critique. Au cours de la dernière année, des étudiantes et étudiants ont activement mené des efforts d’organisation sur leurs campus, réclamant la divulgation d’investissements et demandant aux établissements de se désinvestir des entreprises et des industries qui perpétuent le génocide par les investissements dans les armements et les combustibles fossiles. L’objectif de l’enseignement postsecondaire est non seulement de fournir une éducation, mais aussi d’avoir une incidence durable sur des conditions matérielles actuelles; en outre, l’organisation étudiante est souvent un prolongement de l’éducation. La décision de l’administration de l’Université McGill de mettre fin à l’accord de longue date avec le syndicat étudiant contrevient encore au droit d’association des étudiantes et étudiants et remet en question l’intégrité des établissements universitaires ainsi que le droit à la liberté universitaire.

Les mesures prises par des établissements partout dans ce qu’on appelle l’Amérique du Nord représentent une menace pour l’intégrité de l’enseignement postsecondaire. Bien que l’éducation soit un droit fondamental, les étudiantes et étudiants continuent de se voir facturer des frais de scolarité exponentiellement élevés et de supporter le fardeau de l’endettement, tout en devant composer avec une forte présence policière sur leurs campus. La détérioration de l’éducation publique en éducation assistée par l’État érode davantage les droits des étudiantes et étudiants, des professeures et professeurs ainsi que des travailleuses et travailleurs de s’exprimer ouvertement et librement sur le plan politique. Ce ne sera que par l’intermédiaire d’un système d’éducation entièrement public et de lois loi visant à protéger le droit d’association des étudiantes et étudiants que les droits universitaires et les droits d’association seront protégés et respectés. Le temps d’agir, c’est maintenant – et c’est à nous, étudiantes et étudiants, de nous organiser et de combattre ces attaques contre notre autonomie et nos efforts d’organisation. Depuis toujours, les étudiantes et étudiants sont à l’avant-garde de l’histoire, et il n’y rien de différent maintenant. Joignez-vous à votre mouvement étudiant, organisez-vous et – ensemble – résistons.