Le 30 septembre est la Journée du chandail orange et la première Journée nationale pour la vérité et la réconciliation au Canada. En cette journée, nous rendons hommage aux survivants et aux enfants qui ne sont jamais rentrés à la maison après avoir séjourné dans les pensionnats. Nous profitons également de cette journée pour réfléchir sur le passé colonial et le présent du Canada, ainsi que sur les innombrables atrocités qu’on a perpétrées et qu’on continue de commettre à l’endroit des peuples autochtones, de leurs familles et leurs communautés. Il s’agit également d’une journée où nous participons à des cérémonies et à une réflexion active dans la solidarité et l’action.
Cependant, le gouvernement Ford a annoncé que l’Ontario ne reconnaît pas le 30 septembre comme étant un jour férié provincial, ce qui signifie que les entreprises, les écoles et autres services restent ouverts. Le gouvernement de l’Ontario a refusé une fois de plus de s’impliquer pleinement auprès des communautés autochtones et à l’égard de l’héritage colonialisme. Il est plus que honteux que le Premier ministre Doug Ford et son gouvernement refusent d’écouter, d’apprendre et même de poser un geste minime en faveur des changements qui s’imposent et de la réconciliation. La décision du gouvernement est particulièrement insultante pour les générations de peuples autochtones et elle rejette l’héritage des pensionnats et du génocide culturel qu’on a commis dans ce pays et dans cette province. De plus, en continuant d’ignorer les appels à l’action, le gouvernement de l’Ontario vient une fois de plus d’accorder la priorité aux intérêts spéciaux de ses entreprises donatrices, plutôt que d’accorder une journée de congé payé aux travailleurs afin de réfléchir sur le passé et sur l’ampleur de la dépossession dont les peuples autochtones ont été victimes.
Depuis le mois de mai 2021, la découverte de milliers de sépultures anonymes d’enfants sur les sites des anciens pensionnats est venue confirmer ce que les peuples autochtones affirment depuis des décennies. L’héritage du génocide a des répercussions profondes sur les survivants, les familles et les communautés qui continuent de souffrir du traumatisme intergénérationnel dont ces institutions sont coupables. De plus, il est primordial de souligner que les pensionnats et leurs impacts profonds ne représentent qu’un aspect du colonialisme qui est encore présent aujourd’hui. Depuis les femmes, les filles et les personnes bispirituelles disparues et assassinées, jusqu’au manque d’eau potable au sein de douzaines de communautés des Premières nations, en passant par le nombre disproportionné d’enfants autochtones dans les foyers d’accueil, la violence policière et la violence au sein du système carcéral dont sont victimes les peuples autochtones et plus encore, on n’a d’autre choix que de reconnaître le colonialisme toujours présent. Malgré tout, six ans après la fin des travaux de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR), aucun des 94 appels à l’action n’a eu de suite. Deux ans après l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous devons poser des gestes concrets pour donner suite aux 231 appels à la justice. Par conséquent, le 30 septembre se veut un rappel urgent non seulement des 94 appels à l’action de la CVR, mais également du projet de colonialisme présentement en cours en Ontario et au Canada. Nous devons répondre aux appels à l’action et on ne peut se permettre que les rapports deviennent d’autres documents fossilisés dans les archives du gouvernement comme bien d’autres avant eux. Le 30 septembre rappelle aux détenteurs du pouvoir qui ont choisi d’ignorer les appels à l’action pendant des décennies qu’ils participent activement au maintien de l’héritage colonial et des formes modernes de dépossession des moyens de subsistance des Autochtones.
Même si le 30 septembre, la première Journée nationale de vérité et de réconciliation, est une journée de réflexion, d’apprentissage, de soutien et de solidarité avec les peuples autochtones, des gestes doivent être posés tout au long de l’année. Comme on le souligne dans le rapport de la CVR, « Sans vérité, justice et guérison, il ne peut y avoir de véritable réconciliation. La réconciliation ne vise pas uniquement à fermer un triste chapitre du passé du Canada, mais également à ouvrir de nouvelles voies de guérison basées sur la vérité et la justice. » En tant que province coloniale dans une nation coloniale, l’Ontario a encore un long chemin à parcourir afin de contrer le racisme légal, systémique et normalisé qui est enraciné dans le tissu de cette province et ce pays. Le chemin qui mène à la réconciliation repose sur la recherche de justice pour les communautés autochtones sur tous les fronts. La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants de l’Ontario demande une justice véritable et des actions pour les communautés autochtones. Le 30 septembre, nous demandons à nos membres et aux gens de partout dans la province de prendre le temps d’apprendre et de participer à une réflexion profonde sur l’héritage et la violence coloniale des colonisateurs qui se poursuit encore de nos jours. Enfin, nous demandons au Premier ministre Ford et à ce gouvernement provincial non seulement de faire du 30 septembre un jour férié, mais également de reconnaître que chaque enfant compte.
La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ) est le syndicat étudiant le plus ancien et le plus important au Canada. Elle représente plus de 350 000 étudiantes et étudiants au niveau collégial et universitaire dans toutes les régions de la province.