La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants–Ontario, qui représente 350 000 étudiantes et étudiants de cette province, est atterrée par l’annonce faite le 12 avril 2021 par l’Université Laurentienne qui aura des effets dévastateurs sur la population étudiante et le personnel enseignant et autre. Vu la mauvaise gestion de l’université et l’insuffisance du financement qu’elle reçoit du gouvernement provincial, près de 70 programmes sont censés être supprimés. C’est plus du tiers des programmes de l’université. Des départements entiers ont fermé et leur corps professoral a été remercié. Plus de 80 membres du corps professoral et de nombreux membres du personnel sur lesquels les étudiantes et les étudiants comptent pour leur éducation ont été mis à pied. Les étudiantes et les étudiants du Nord, qui éprouvent déjà d’énormes difficultés en raison de la pandémie de la COVID-19, voient maintenant leur diplôme et leur éducation en péril.

Les cours en français comptent pour une forte proportion des programmes coupés, et les étudiantes et étudiants francophones se trouvent ciblés. Près de 40 programmes en français seront supprimés à l’Université Laurentienne. Le gouvernement provincial montre une fois de plus qu’il méprise les francophones, comme l’ont révélé les compressions antérieures des budgets des services et de l’enseignement en français. De nombreux programmes en français uniques en leur genre ont été éliminés, comme le programme de formation de sages-femmes qui est le seul programme bilingue en son genre et le seul dans le Nord, sont essentiels. Sébastien Lalonde, président de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants—Ontario, précise :

« L’Université Laurentienne est une des institutions francophones les plus importantes de la province. Les étudiantes et étudiants de langue française se font dire que leur éducation, leur langue et leur culture ne valent pas la peine qu’on les maintienne. Le gouvernement actuel a montré à maintes reprises que les étudiantes et les étudiants francophones et les services sur lesquels ils comptent sont les premiers à subir les coupures. »

Bien que l’Université Laurentienne soit un établissement bilingue, son mandat est triculturel car elle constitue un centre d’apprentissage et de recherche Autochtones. L’abolition de programmes aura d’ailleurs de graves effets négatifs sur l’apprentissage et les diplômes en langues Autochtones. Les programmes inédits à ces égards ont contribué grandement à la souveraineté et à l’Autodétermination des peuples Autochtones et à la décolonisation grâce à la recherche et à un vaste cursus. Les coupures vont à l’encontre de l’appel à l’action 16 de la Commission de vérité et réconciliation : « Nous demandons aux établissements d’enseignement postsecondaire de créer des programmes et des diplômes collégiaux et universitaires en langues Autochtones ».

Ce mois-ci, l’Université Laurentienne a dissous ses relations et ses pouvoirs de décerner des diplômes avec les universités qu’elle fédère (Université de Sudbury, Université Thorneloe et Université Huntington). Les cours en français, les cours d’études Autochtones et d’études des femmes et de nombreux autres programmes se donnent principalement dans les universités fédérées. Après avoir investi du temps et de l’argent pendant des années, les étudiantes et les étudiants perdent leurs superviseurs et risquent de voir abolir leurs programmes. On demande à bon nombre d’entre eux de choisir des programmes différents ou « semblables » et ils doivent se réinstaller s’ils souhaitent poursuivre leurs études. L’administration de l’Université Laurentienne n’a guère offert d’explication claire, de justification, de consultation ou de soutien à la population étudiante au sujet de ces changements et exigences sans précédent.

La procédure antidémocratique de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) n’a jamais été destinée à être invoquée par des établissements du secteur public. C’est la première fois qu’une université canadienne à financement public se soumet à une procédure juridique normalement réservée aux entreprises privées. L’administration de l’Université et le gouvernement provincial se servent de ce recours pour se soustraite au droit de regard et de consultation de la population étudiante, du corps professoral et du grand public et procéder à une dure restructuration forcée avec les parties intéressées dans des délais inappropriés. Kayla Weiler, représentante à l’Exécutif national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants–Ontario, déclare :

« Il est inacceptable que les étudiantes et les étudiants, qui ont tant investi dans leur éducation, subissent les conséquences de difficultés financières créées par des décisions administratives imprudentes et l’affaiblissement du financement public des universités. La crise fabriquée de toutes pièces à l’Université Laurentienne pourrait être réglée en un tournemain par le gouvernement de l’Ontario. Le budget de 2021 est le troisième budget consécutif qui réduit le financement de l’EPS. Il est temps d’investir dans tous les étudiants et les étudiantes, où qu’ils habitent en Ontario. »

Les communautés et les étudiantes et étudiants du Nord continuent à se demander où est le député provincial Ross Romano. Le ministre des Collèges et Universités a prétendu que l’Université Laurentienne lui tenait à cœur, qu’il assurerait la protection des étudiantes et étudiants, déclarant qu’aucun d’entre eux ne souffrira, qu’ils ne seront pas affectés et qu’ils ne perdront pas une année d’études. Cependant, les annonces faites aujourd’hui et l’inaction du ministre et du gouvernement ne témoignent que de promesses non tenues. Les étudiantes et les étudiants du Nord méritent le même accès à un enseignement postsecondaire de qualité à prix abordable que tous les autres membres de la population étudiante de la province. Il est temps que le ministre Romano et le gouvernement de l’Ontario assurent un financement suffisant à l’Université Laurentienne.

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants-Ontario est l’organisation étudiante la plus ancienne et la plus importante de la province, représentant plus de 350 000 étudiantes et étudiants dans les collèges et universités de toutes les régions de la province.
SOURCE : Fédération canadienne des étudiantes et étudiants – Ontario

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